L’interview de Guilhem Pouillevet nous a beaucoup marqué et nous souhaitions transmettre ce que nous avions ressenti à travers une forme particulière : une bouteille à la mer.
Cher lecteur,
Peut-être que tu n’existes pas et que ce message restera à jamais enfermé dans cette ancienne bouteille jetée parmi tant d’autres dans l’océan. Cependant, j’ai le sentiment que celle-là ne finira pas au fond des océans, malmenée par les vagues, dans l’attente inespérée
d’une réponse. Cette bouteille, si je la jette c’est parce que j’ai la conviction que tu la liras et que tu sauras la comprendre. Si je ne sais pas la direction qu’elle prendra, j’ai pourtant l’intuition qu’elle prendra la bonne. Au moment où je l’ai lancé, je ne savais pas qui tu étais et où tu étais mais je savais que tu serais là pour la recueillir et lui accorder quelques minutes.
L’histoire que je vais te raconter, c’est celle d’un homme qui, sans savoir la direction qu’il allait prendre, était persuadé que c’était la bonne.
Il y a quelques années, Guilhem était encore en études supérieures et s’essayait à ses premières expériences professionnelles. Il aura suffit d’une seule expérience pour faire basculer sa vie. A un moment où les problématiques climatiques n’étaient pas encore considérées et que les crédits climats européen étaient encore dans l'œuf, Guilhem est parti. Dans quel pays me diras-tu ? Quelle importance. Lui aussi était encore dans l'œuf et c’est à ce moment que sa naissance à commencé.
N’avez-vous jamais rêvé de faire de votre passion un travail, et de faire de votre travail une cause juste et noble ? C’est dans cette direction que partait Guilhem, il aura suffit d’un simple stage en études supérieures. Il avait été missionné pour boucher un tuyau de 5 cm de diamètre qui rejetait du gaz . La belle affaire. Prenez un bouchon de champagne et enfoncez-le avec un marteau ; le tuyau ne crachera plus. Il avait aussi été embauché pour soulager le monde. Le soulager de 10 millions de tonnes. Plus facile de respirer quand on enlève 10 millions de tonnes qui pèsent sur nos poumons.
Ces 10 millions de tonnes pesaient-ils vraiment sur nos poumons ? Pas vraiment, ils s’y insinuaient, y pénétraient et s’accrochaient à chaque alvéole, les bouchant une à une. C’est bien 10 millions de tonnes de CO2 qui nous ont été évitées. Chaque année, l’équivalent de 10 millions d’aller-retour Paris-New York était déversé dans la nature par un tuyau large de 5 centimètres de diamètre. Plus impressionnant d’un coup. Cette première mission passionne Guilhem. C’est à ce moment-là que sa conscience écologique s’est développée, que Guilhem est réellement sorti de l'œuf. Cette première expérience a aiguillé la vie de Guilhem.
Lors d’un départ en Chine, il s’attaque à plus gros, plus féroce. Un gaz 11 000 fois plus polluant que le CO2 : le gaz de climatisation. La mission était simple : détruire ce gaz, détruire ce déchet. Quel intérêt pour l’entreprise ?
Le déchet se jette. Il est sans intérêt. Pourquoi l’entreprise devrait-elle s’y intéresser ? Ce sont les débuts du protocole de Kyoto. L’entreprise se doit d’être rentable, elle ne peut donc pas dépenser pour détruire un budget qui ne lui rapporte rien. C’est la naissance des crédits carbone : les déchets carbonés que l’entreprise détruit seront valorisés sous la forme de crédits carbones que cette dernière pourra revendre à d'autres entreprises. Vous l’aurez compris le financement des projets à fort impact climat ne se font pas sans financements extérieurs à l’entreprise. A l’époque, ce petit “projet” représentait 1% de l’effort global planétaire pour limiter le réchauffement climatique.
En multipliant ses expériences, il acquiert une certaine expertise dans le domaine de la réduction des émissions carbones. En effet, il monte des projets chez Rhodia pour la réduction des GES, développe aussi un grand parc éolien pour Tanger en 2012. Tous ces projets suivent la même direction : lier utilité sociale, plaisir et travail. Il décide alors de partir en Afrique dans les Pays les Moins Avancées pour apporter son expertise sur certains domaines, notamment le financement de projets à fort impact climatique. Au Cameroun, il réussit à détruire un gaz 20 fois plus polluant que le CO2 qui était rejeté par une décharge à ciel ouvert.
Le principal frein dans ces pays est la langue. La langue de l’ONU étant l’anglais, les pays africains francophones ne peuvent pas communiquer avec ces institutions. Les projets qu’ils auraient pu lancer restent donc au point mort. Guilhem aide alors des entreprises locales à monter leur projet de réduction de la pollution. Choisir une entreprise plutôt qu’une ONG permet de ne pas dépendre des financements internationaux qui sont assez aléatoires, l’entreprise elle est auto-suffisante : une fois rentable son impact positif sera durable.
En 2015, la grande aventure commence et Guilhem se lance dans l’aventure Muxia : une entreprise qui travaille en collaboration avec l’ONU et qui soutient les PMA pour financer les projets climats qui changent la donne. Le but est de passer d’un paradigme établi à un autre grâce aux entreprises. Par exemple, un pays qui produit du charbon et qui veut passer à l’éolien devrait par la suite ne plus utiliser de charbon lorsque la solution sera totalement mise en place. C’est ça, changer la donne.
Travailler avec Muxia c’est s’octroyer une place de choix en communication. Cette dernière aide les entreprises à remplir le cahier des charges pour obtenir le certificat “ Climate Neutral Now”. Ce dernier est délivré par l’ONU et certifie que l’entreprise fait tout son possible pour être neutre en carbone. L’entreprise peut donc utiliser le logo de l’ONU pour communiquer et faire une action qui a réellement un impact.
Cette action se déroule en trois étapes :
comprendre ou se trouve les émissions de l’entreprise
évaluer pour savoir comment agir sur ces émissions
compenser la part irréductible d’émissions
Mais revenons à son parcours personnel, comment se déroule le lancement d’un projet entrepreneuriale ? Un projet de ce type nécessite de prendre des décisions. Cela semble facile le matin : thé ou café, croissant ou chocolatine ? Les décisions qu’a dû prendre Guilhem allaient quant à elles, le suivre toute sa vie. Le nom de son entreprise est aussi la ville qui se situe au bout du chemin de Compostelle. Ce nom, il l’avait en tête depuis longtemps. Pourtant, il n’arrivait pas à se décider. Sur les conseils d’un ami, il s’est lancé. Etre entrepreneur ce n’est pas toujours prendre les bonnes décisions, c’est surtout prendre des décisions, se lancer. Tant pis si elles ne sont pas optimales, il faut avancer et il sera presque toujours possible de rectifier le choix par la suite.
Son projet était une bouteille à la mer. Il savait que quelqu’un serait là pour l’entendre mais il ne savait pas par quelle dérive il passerait. A ses débuts, il fait une étude de marché sur les voitures en Côte d’Ivoire. Certes, cela ne correspond pas aux objectifs de départ. Il se trouve aussi que Guilhem ne connaissait que très peu les voitures. Mais aussi qu’il n’avait jamais fait d’études de marché. Et encore qu’il n’était jamais allé en Côte d’Ivoire.
Il réussit tout de même sa mission, et petit à petit se dirige vers des projets qui correspondent plus à son objectif initial. D’abord il s’oriente vers des missions qui lui correspondent grâce au secteur public. Puis, avec le temps, le secteur privé s’intéresse de plus en plus à son impact environnemental.
Aujourd’hui son activité se porte bien et il peut faire les missions qui correspondent vraiment à son but premier.
Cher lecteur, cette bouteille jetée sur le net pour t’inspirer, pour te montrer que la formation, le parcours ou les expériences sont importantes mais que c’est toi seulement toi et tes décisions qui feront ta vie. Si cela sonne comme un poncif et que j’enfonce des portes ouvertes, tant mieux : quoi de mieux qu’un cale porte pour maintenir une porte ouverte ?
Pour rejoindre Muxia, c’est juste ici : http://www.muxia.fr/