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7 Plis : Ne plissez plus les yeux et achetez leurs lunettes recyclées

Dernière mise à jour : 31 mars 2021


Avez-vous déjà imaginé fusionner une paire de lunettes et une planche de skate ? C’est le projet de Florent Baraban, lunetier de formation et passionné de skateboard, il a décidé de recycler les planches de skates pour en faire des pinces à cravates, des lunettes, et aujourd’hui plusieurs autres accessoires dans son entreprise 7plis. Venez à la découverte de cet entrepreneur innovateur.


Comment avez-vous eu l’idée de recycler les planches de skate ?

Au début je créais des pinces à cravate et des boutons de manchettes. Pour faire les pinces à cravate je n’avais pas de bois dans mon garage mais uniquement des planches de skate. Acheter un morceau de bois de qualité pour en faire une pince à cravate, cela me semblait un peu prétentieux et je ne savais pas travailler le bois. Donc j’ai décidé de tailler dans une planche de skate sachant que cela ne va rien me coûter et d’autant plus qu’une planche de skate est constituée de 7 plis de couleurs qui sont variées à chaque fois et cela permet d’avoir une pièce unique. Donc, à l’origine, je n’avais pas l’idée de faire des lunettes en skate, mais cela m’a permis de me rendre compte que le matériau est cool, et donc, comme je collectais les planches de skate, j’ai a décidé de combiner ces deux éléments : les planches de skate et ma formation. Et donc en regardant la planche de skate, je me suis dit “mais oui la planche est faite pour faire des lunettes encore plus que des boutons de manchettes ou autre chose”. En effet, la forme de la planche permet d’obtenir la monture de la lunette sans vraiment la travailler dans la courbure, ce qui fait que les clients n’ont pas besoin d’aller chez l’opticien pour la réajuster tous les 3 mois, la forme est solide et dure dans le temps, tout en restant confortable.


Êtes-vous le seul à avoir eu cette idée ? Si oui ou non, pourquoi ?


Recycler les planches de skate, nous ne sommes pas les seuls, mais les recycler en lunettes abouties, nous sommes vraiment les seuls, car recycler les planches de skate en lunette c’est vraiment compliqué : travail laborieux qui prends du temps, alors qu’avec du simple bois cela nous prendrait qu’une heure.

C’est un produit qui ne m’est pas rentable, j’ai réussi à le rendre viable. Nous faisons de la rentabilité sur d’autres articles : les bagues, écarteurs d’oreille, sur les petits accessoires. Nous avons environ 50% de bénéfice sur ces petits articles. Au-delà de ça, c’est avec les lunettes que nous avons de la notoriété.


Comment obtenez-vous les planches de skate ?


Il y a principalement Adrien Bulard qui est notre plus gros donateur et qui est un grand skateur français, qui est sponsorisé par Nike Skateboard par exemple. Il fait partie des 10 plus gros skateurs français.


Ensuite nous avons des contrats avec des skateurs où toutes les 100 planches ils ont le droit à leur propre paire de lunettes et ont leur propre planche. De plus, sur une planche nous faisons jusqu’à 6 paires de lunettes et d’autres accessoires, sachant que sur une paire de lunette nous prends entre 10 et 15 heures de travail, donc en réalité les planches de skate ce n’est pas ce qui nous manque, c’est surtout le temps.


Quelles ont été les étapes de création de votre entreprise et comment a-t-elle évolué ?


La première étape a été la création de la page Facebook et Instagram avant même de créer la société en elle-même pour voir comment le marché répondait. Ensuite j’ai déposé mes créations sur Etsy qui est une plateforme d’artisanat internationale, ce qui m’a permis d’ouvrir un peu le marché. J’ai fait quelques envoies d’articles aux US et de là, j’ai a décidé de faire un financement participatif aux Etats-Unis sur Kickstarter, (qu’il finalement pense être une erreur car ils n’ont pas touché tant d’américain que ça, contrairement au succès qu’ils ont eu avec Etsy) ce qui m’a permis de financer ma machine pour développer les lunettes puisque c’était là où je pouvais vraiment apporter quelque chose étant donné ma formation initiale. Les financements participatifs sont intéressants cela permet de se lancer dans la production, cela nous a fait du capital et en plus les médias ont tendance à aller sur ce genre de plateforme, donc les premiers interviews sur Europe1 ou FranceInter ont été grâce aux levés de fonds. D’autant plus qu’il n’y a pas d’intérêt contrairement à une banque. Ça a débuté ainsi, puis j’ai fabriqué des lunettes principalement pour la France et pour tout mon réseau d’opticien partenaire, puisque ce sont des lunettes agrées avec l’ensemble des mutuelles et la sécurité sociale. Ce qui était très intéressant pour moi puisque cela donnait de la crédibilité à mon produit, pour montrer que c’est bien un produit avec un équipement paramédical correcteur.

La 2ème étape est qu’au bout de 6 mois j’ai vu qu’il y avait quelque chose à faire donc j’ai créé une micro-entreprise, qui me permettait de ne pas payer de charges lorsque l’argent ne rentrait pas, pas besoin de comptable.

Enfin la 3ème étape est que nous allons passer en société dans les mois avenir.


Quelle est votre clientèle et comment a-t-elle évolué ?


Nous n’avons pas de cible dans la clientèle puisque notre démarche est de créer et de nous faire plaisir dans ce processus. Mais aujourd’hui 30% de notre clientèle a plus de 70 ans pour les lunettes et en tant qu’opticien ce n’était pas du tout la clientèle que je m’attendais pour des lunettes issues de planche de skate recyclés, mais quelque part c’est le graal, car quelqu’un qui porte des lunettes à 70 ans quelque fois porte des lunettes depuis 40 ans et les porte 15heures par jours, donc si elle prend le plis de choisir notre marque, c’est qu’au-delà de la démarche c’est que la lunette est confortable, elle tient bien et est légère, etc... Ainsi je pense que si nous avions une cible précise, c’est une clientèle que nous n’aurions pas atteinte.

Ensuite une clientèle plus jeune est atteinte par Instagram, plus consommateur par Facebook et plus pro par LinkedIn. Et puis vraiment c’est la distribution en magasin aussi qui développe la marque, puisqu’aujourd’hui nous sommes distribués par une trentaine de points de vente en France, en Suisse et en Belgique.


Pourquoi avez-vous pensé que l'idée était bonne et qu'il fallait la continuer ?

Les personnes réagissaient plutôt bien sur les réseaux sociaux, mais avant toute de chose j’étais convaincu que ça allait prendre à un moment donné. Mais il faut savoir que la marque reste encore petite après 7 ans d’existence, que cela soit en termes de chiffres d'affaires ou de quantité de vente, cependant en termes de notoriété nous avons évolué grâce à la vidéo Brut ou encore d’autres vidéos médiatiques. Donc en réalité la marque a une petite notoriété, et cela nous le devons au fait de faire les choses par envie et par passion ; la première personne qui était convaincue par le projet c’était moi-même et j’étais sûr que cela ne pouvait que marcher puisque nous nous basions sur 4 marchés porteur : le recyclage, le Made in France, le skateboard qui devait rentrer aux JO cette année mais qui rentrera l’année prochaine, la pièce unique qui selon moi est l’avenir.


Comment gérez-vous votre entreprise ?

Il faut jongler entre instinct et la rentabilité de la société. Je ne vise pas non plus une rentabilité, mais plutôt une viabilité, notre objectif est de vivre de ce que nous faisons Un business pour moi sert à générer de l’argent, donc nous ne sommes pas un business, mais plutôt une entreprise où il y a vraiment une dimension humaine, de véhiculer et de mettre en avant un projet, montrer que le recyclage n’est pas forcément connoté avec bricolage, on est sur des lunettes qui rentrent presque dans la haute gamme. L’idée est de montrer qu’on peut faire quelque chose de recyclé et premium à la fois.


Quelle quantité de pollution issue des planches de skate votre entreprise permet de diminuer par le recyclage ?

Nous avons recyclé aujourd’hui entre 700 et 800 plateaux, ce qui correspond à peu près à 2 tonnes de skateboard. C’est vrai que le skateboard n’est pas un gros problème de pollution, puisqu’on ne retrouve pas des planches abandonnées dans la rue ou dans la déchetterie. Mais si ce n’est pas nous qui les recyclons c’est des planches qui seront brulées puisqu’il y a de la colle etc. et cela pollue beaucoup. Donc nous avons évité que 2 tonnes de skate soient brulées dans notre atmosphère.


Avez-vous constaté une plus grande implication des individus sur le plan environnemental et dans le cadre d’une consommation raisonnable grâce à votre incitative ?


Cela serait prétentieux, mais j’ai constaté qu’à la sortie de confinement les individus étaient plus sensible à l’économie locale, à consommer plus Made in France, même dans les dernières élections européennes on a pu constater que l’écologie prenait de plus en plus de place et d’ampleur, donc c’est une mouvance qui est porteur. Tout cela est davantage une mouvance globale, un point de vue globale et c’est toute la population qui évolue à ce niveau-là.


Avez-vous eu de l’aide ou du soutien de la part du monde professionnel ?


Oui, mes amis opticiens par exemple ont été les premiers à distribuer mes lunettes en magasin, mais j’ai davantage eu du soutien plutôt que de l’aide à proprement parlé. Si nous avons un problème avec une des machines pour tailler les verres, un des opticiens nous en prête une, donc nous avons un bon réseau d’opticiens assez solide.


Quels sont les projets que vous voulez mettre en place pour l’avenir de l’entreprise ?


Nous allons faire un skate-park atelier, nous avons donc acheté un atelier et allons augmenter la zone de production, car je suis toujours dans le garage de la maison familiale et ça reste assez petit, et en termes de planches nous en avons tellement que nous pouvons plus bouger. Donc l’idée est de faire un atelier clean, avec un espace showroom, un espace skate, et continuer à produire comme nous le faisons maintenant c’est-à-dire sans se mettre la pression et en faisant des produits de qualité.


Comment a été l’impact de la COVID sur votre entreprise ?


L’idée d’un entrepreneur c’est aussi de surfer sur les vagues, donc comme nous savions qu’il y avait la COVID, nous avons augmenté notre budget marketing par exemple sur la toile pour pouvoir compenser et de même en période de Noël, au lieu de couvrir les marchés de Noël en France, nous avons investi notre budget sur internet, sur du sponsoring Facebook, Instagram ou autre, pour pouvoir compenser la perte que nous avons en direct et en faisant cela tout se passe bien.


Quelles sont les qualités qu’un entrepreneur doit posséder pour mener à bout un projet ?


Chaque projet et chaque personne est unique, donc il faudrait faire les choses par plaisir, sans des objectifs trop hauts de finance ou autre. D’autant plus dans mon cas, car c’est de l’artisanat et en faisant par plaisir on a plus l’impression de travailler.


Quels conseils donneriez-vous à un entrepreneur qui voudrait se lancer ?


Le statue micro-entreprise est très intéressant en France pour tâter le marché sans que cela engendre de gros problème, utiliser les réseaux sociaux sont importants car cela permet de gagner en notoriété et pour encore une fois tâter des marchés de niches, donc mon conseil serait de se servir de tout cela, qui sont de très bons vecteurs et très pertinents.


Retrouvez 7 Plis sur leur site : https://7plis.fr/

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