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Rencontre avec Guillaume Le Grand, président et co-fondateur de TOWT

Publié le 3 février 2022


Interview du président et co-fondateur de TOWT, une entreprise novatrice de transport de marchandises à la voile et 100% française.




Le 7 janvier 2022, notre équipe a eu le plaisir et l’honneur d’interviewer Monsieur Guillaume Le Grand, président et co-fondateur avec Mme Diana Mesa de l’entreprise TOWT spécialisée dans le transport de marchandises à la voile. L’entreprise, fondée en 2010, s’impose aujourd’hui comme une alternative écologique au transport carboné.

Quelques points clés à savoir avant de commencer : TOWT c’est quoi ? C’est déjà 11 ans d’existence avec 1500 tonnes de marchandise transportées, 70 voyages organisés et près d’1 million de produits labélisés Anemos © (un label propre à TOWT), soit une entreprise déjà extrêmement prometteuse.


Curieuses d’en savoir plus sur la façon dont TOWT est née, nous avons interrogé Monsieur Le Grand sur ce qui lui a inspiré sa création. Avant d’avoir été une idée dans l’esprit de son co-fondateur, TOWT a d’abord été depuis l’enfance de Monsieur Le Grand un rapport à la mer qui s’est forgé lors de balades en bateau avec son grand-père. C’est en gagnant en autonomie et en connaissances sur la navigation en mer (encore sans GPS à l’époque) que l’intuition de la forte puissance du vent, atout particulièrement utile au transport de chargement, est apparue à Monsieur Le Grand.


Après un changement d’environnement l’éloignant de la mer mais aussi après des études à Lyon, un mémoire à Kyoto et des postes à Berlin ainsi qu’à Londres, Monsieur Le Grand nous confie avoir été sidéré face à certains propos prononcés lorsqu’il était encore stagiaire Sciences Po dans un consulat. « Dans la vie, pour faire carrière, ne faites jamais de vagues » mais aussi « n’innovez jamais, inspirez-vous de ce qui a été fait et vous ferez carrière, vous irez loin ; dites toujours non quand on vous demande quelque chose, ne vous confiez jamais et ne prenez pas de risque » lui a-t-on dit. Ces paroles, lourdes de sens, s’opposent à l’essence même de l’innovation et de l’entreprenariat. Elles écrasent tout esprit d’initiative. Prenant alors conscience que ces propos sont aux antipodes de la carrière qu’il se destine à avoir, Monsieur Le Grand opte pour une trajectoire différente de celle qui lui était alors proposée, il part s’installer à Londres, repart à zéro et devient analyste chez Bloomberg dans la city.


Il nous explique que c’est au cours de ces 4 ans intensifs chez Bloomberg qu’il a appris à travailler à travers une expérience à la fois intellectuellement exigeante et très formatrice. A ce moment-là, TOWT est encore loin d’exister et c’est un peu par hasard à l’opportunité d’une sortie en bateau avec des amis aux alentours de Brighton que monsieur Le Grand retrouve le pied marin. A l’époque en plein centre de Londres, c’est encore le début des labels bio et il nous confie avoir ressenti cette différence chez les consommateurs, que les nouvelles exigences environnementales ont apporté.


C’est alors le début d’une aventure au départ un peu folle. Sur un coup de tête, lui et ses amis parlent d’acheter un bateau de 15 mètres afin de voyager jusqu’en Colombie, d’y acheter plusieurs tonnes de café et de revenir le vendre en Angleterre. Cette proposition, fruit de l’euphorie d’une conversation de pub pour certains, se mue en un projet sur lequel Monsieur Le Grand commence à sérieusement s’intéresser. Après l’ébauche d’un premier business plan, c’est le début d’une interrogation.


Marginalement, quel est le coût d’un transport décarboné sur le produit final ?


Il est en fait relativement nul ! Pour monsieur Le Grand, cela signifie qu’on peut décarboner une partie très importante des émissions de CO2 de l’économie mondiale liées au transport de marchandises, tout en ayant un cout marginal sur le produit final proche de zéro. Ce tour de force puise toute sa puissance dans un concept simple ; celui du transport à la voile, et c’est ce qui fait sa différence. Il résonne d’autant plus aujourd’hui, dans une économie et dans un secteur (celui du transport maritime) ayant chacun plus que jamais besoin de réduire leurs émissions de CO2 face à l’urgence climatique. C’est aussi l’occasion de remarquer comme paradoxalement, la solution au transport carboné réside aussi en l’un des éléments les plus fondamentaux (le vent) de l’environnement même que nous détruisons.


Selon Guillaume Le Grand, le secteur du transport maritime sera probablement le dernier à entamer une réelle transition écologique. Même si des alternatives plus respectueuses de l'environnement sont apparues, comme l’arrivée de la voiture électrique par exemple, l’humanité continue toujours d’émettre une quantité croissante de CO2 chaque année. Nous le voyons tous, l’état de notre planète n’est pas à l’amélioration et il est crucial que les industries remplissent aussi leur part des choses afin d’éviter le désastre. Le positif, comme le souligne monsieur Le Grand, c’est que de plus en plus, certaines d’entre elles ont tendance à se montrer prêtes à se challenger face à l’urgence climatique. Pour ce qui est du domaine du transport maritime néanmoins, ce changement est encore trop lent et hormis quelques rares exceptions, la plupart des entreprises du secteur ne se challengent pas et se contentent de pratiquer du greenwashing.

Résolu à donner un bon gros coup de pied à la fourmillère, monsieur Le Grand profite de son retour en France pour poursuivre un master EDDEE (Économie du développement durable, de l’environnement et de l’énergie). Il y fait alors la rencontre de sa future collègue et co-fondatrice, Diane Mesa. Ayant alors à l’époque une vision plutôt négative de l’image de l’entrepreneur, il se ravise lorsqu’il découvre que Diane Mesa, quant à elle, a déjà non pas une, ni deux, mais trois entreprises à son actif. Il lui confie cette idée de consacrer sa vie à faire du transport à la voile et c’est alors le début de TOWT.


La particularité de cette entreprise, c’est son approche bottom-up. Le concept est le suivant ; l’entreprise affrète des navires résistants, ni trop grands ni trop petits mais aptes à transporter plusieurs centaines voire milliers de tonnes de marchandises pour le compte de clients déjà industrialisés. Cette méthode de transport décarboné et à propulsion principale vélique, a permis de mener à la création d’un nouveau segment de marché. L’entreprise a aussi une stratégie disruptive car elle apporte de la transparence là où il n’y en avait pas encore. Elle le fait notamment grâce à son label Anemos qui pour chaque produit renseigne un numéro de voyage précis. Ce numéro, à la portée de chaque client, n’a qu’à être renseigné sur le site internet de TOWT afin de découvrir toutes les informations sur le produit, depuis son origine jusqu’à son arrivée dans le magasin. Cette totale transparence, qui n’existe nul par ailleurs, propose un nouveau rapport Nord-Sud par sa suppression de tout rapport d’exploitation envers les producteurs étrangers.


« Le transport n’est plus qu’un transport ; il devient également un levier de valorisation de la production ».


Monsieur Le Grand nous explique que cette valorisation d’un transport non carboné a aussi pu être un moyen pour certaines entreprises partenaires de rendre leur positionnement commercial plus stratégique. Elles ont ainsi pu reconquérir leur segment de marché auprès de consommateurs plus attentifs aux produits qu’ils achètent et à leur empreinte carbone. Au-delà de cet exemple, Monsieur Le Grand remarque que nous sommes aujourd’hui à un point de convergence où certaines industries telles que celles du café, du chocolat ou encore du cognac commencent à s’emparer de l’atout que constitue un mode de transport plus écologique, réalisant l’opportunité que cela constitue pour elles.


Cependant, qu’en est-il de la part de risque inhérente au lancement d’une telle activité ? Monsieur Le Grand nous raconte qu’il y a comme dans tout projet, une part de risque qui a surtout résidé ici dans l’étape de l’investissement dans la marchandise lors de la construction de TOWT. Il nous confie s’être accoutumé à cette part de risque à mesure que l’activité s’est développée et a connu un essor croissant. Pour nous donner un ordre de grandeur, il nous indique qu’un projet comme celui de TOWT est d’abord passé d’un investissement à quatre chiffres avant d’arriver aujourd’hui à un investissement plus conséquent de l’ordre de plusieurs dizaines de millions d’euros. Monsieur Le Grand explique que le rapport au risque est aussi intimement lié à l’ambition qu’on va avoir. Créer une entreprise est une tâche complexe où l’on ne risque certainement pas de s’ennuyer et qui a aussi un côté « Everest » comme il le décrit. On ne crée pas qu’un projet ; on construit aussi une histoire, une marque, des valeurs et on se doit d’aller jusqu’au bout. Le but principal n’est pas selon lui d’avoir une entreprise seulement lucrative mais de parvenir à mener à bien un projet qui est à la fois différent, exigeant et qui contribue à sauver la planète, à son échelle.


« Je considère qu'avoir plus d’ambition et impacter plus, c’est une façon de gagner des petites batailles, qui sont ici celles d’un transport décarboné”.


En plus de connaître un certain essor, TOWT a annoncé pour 2022 la construction d’un de ses plus gros projets ; celui d’un navire de près de 80 mètres de long sur un chantier français mais aussi la mise en œuvre de 3 navires supplémentaires (d’où l’importance de la levée de fond actuellement lancée). Nous avons alors demandé à Monsieur Le Grand ce qu’il ressent face à cette rapide expansion, ce à quoi il nous répond être bien évidemment fier de TOWT, de ses associés mais plus encore de ses filles constituant à ses yeux sa plus grande fierté. Il nous rappelle qu’il est important à la fois de garder les pieds sur terre mais aussi de « ne pas se reposer sur ses lauriers ». Lorsque nous lui demandons s’il a un message à faire passer aux jeunes, il nous répond par le titre de la chanson « N’appartient jamais à personne » de Bernard Lavilliers. Plus précisément, il nous demande d’être non seulement conscients de la gravité de la situation actuelle d’un point de vue écologique qui est un vrai désastre, mais il nous rappelle aussi qu’il est de notre responsabilité (que nous l’acceptions ou non) de sérieusement commencer à avoir les bons gestes. Oui notre génération n’est pas responsable du dérèglement climatique mais les anciennes générations non plus, tout simplement car elles n’en avaient pas encore conscience. La différence, soulève monsieur Le Grand, c’est que nous oui, nous avons conscience de ce qui nous attend et il serait presque criminel vis-à-vis de nous-même, mais aussi vis-à-vis du monde entier de continuer à perpétuer un mode de vie que l’humanité n’a plus les moyens de s’offrir. Nous avons un choix à faire. Celui de décider de la façon dont nous voulons évoluer dans ce monde, entre d’un côté l’ignorance du changement climatique qui est déjà à l’œuvre et de l’autre le choix d’aller de l’avant, de faire le nécessaire et d’éviter de futurs regrets quant à notre inaction. Monsieur Le Grand parle d’une « ère de la sobriété » et de la conscience écologique dans laquelle, vu l’état actuel des choses, notre monde ferait mieux de basculer pour tout simplement pouvoir continuer d’exister.


C’est dans cette perspective, certes très dramatique mais pas moins optimiste que TOWT a été créée. Une levée de fonds en collaboration avec la plateforme citoyenne LITA.co. a d’ailleurs été lancée afin de permettre à TOWT de financer son premier voilier-cargo lequel sera à la fois 3 fois plus rapide et 30 fois plus performant en termes de capacité que les navires précédents. Pour soutenir TOWT ou tout simplement par curiosité, vous pouvez retrouver ci-dessous les liens respectifs du site internet de TOWT et de la levée de fonds dont l’entreprise a besoin.


Le site internet de TOWT pour avoir plus d’informations, c’est par ici.

La levée de fonds, collaboration entre TOWT et la plateforme d’investissement citoyen LITA.co c’est par ici.

Pour avoir l’opportunité de lire un excellent article de la plume cette fois-ci de Monsieur Le Grand lui-même expliquant « Pourquoi investir dans un transport maritime décarboné ? », c’est encore une fois juste ici !


Enfin, parce que TOWT est directement reliée à l’objectif de développement durable n°13, vous pouvez aussi retrouver plus d’informations sur cet ODD juste ici (ça prend 3 minutes et ça nous aiderait beaucoup) !


N'hésitez pas à liker, ça aussi ça nous aiderait beaucoup 👍

Merci pour votre lecture,


Aim2SeeUSoon



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