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Interview de Dorothée Briaumont : Solaal



Solaal est une association qui organise les dons entre les agriculteurs et les associations d’aides alimentaires


Qui est Dorothée Briaumont ?



Dorothée Briaumont est une femme très inspirante. Son parcours académique et professionnel en sont d’ailleurs des preuves. Diplômée de Science Po Paris, notre entrepreneuse s’est rapidement orientée vers l’international et plus particulièrement vers les affaires européennes. Elle a travaillé pour la Fédération National des Syndicats d’Exploitants Agricoles (FNSEA). Le monde agricole l’a toujours attiré et lui inspire du respect puisque ce domaine demande une connaissance extrêmement vaste de tous les enjeux économiques, techniques et climatiques. Elle était responsable du secteur économique et s’est spécialisée en droit de la concurrence. Elle pilotait une cellule de crise avec des agriculteurs et agricultrices de la FNSEA sur des thématiques comme la crise des OGM ou encore la seconde crise de la vache folle. Sa sensibilité vis-à-vis du monde agricole est très forte même si elle n’est pas issue de ce milieu. Également très attachée à toutes les problématiques liées au développement durable, Dorothée Briaumont a eu l’occasion de travailler pour l’Agence de développement durable de la région nazairienne. Elle a animé le Comité 21 qui est une association qui regroupe des membres issus du secteur associatif, des collectivités territoriales, et même des entreprises. Son objectif principal était de mobiliser tous ces acteurs face aux enjeux du développement durable. Elle a aussi participé à des débats publics sur des enjeux majeurs comme sur des projets d’implantation d’éoliennes en mer. Vous l’avez sans doute compris, le parcours de Dorothée Briaumont est très riche et son parcours ne s’arrête pas là, puisqu’en 2011/2012, elle devient cofondatrice de Solaal.


Avec une telle admiration pour les acteurs du secteurs agricoles, Dorothée Briaumont voulait s’investir à sa manière dans ce domaine. En créant Solaal, notre entrepreneuse répondait à une indignation que lui avait signalée un ancien président de la FNSEA Jean-Michel Lemétayer : « je ne supporte pas de voir des gens qui ont faim dans mon pays ».


Quel est le rôle de Solaal ?


Les associations de dons alimentaires sont de plus en plus nombreuses et les agriculteurs ne prennent pas forcement le temps de se consacrer à ce type de dons solidaires. Effectivement, l’organisation de dons demande de l’énergie et du temps que les agriculteurs ou agricultrices n’ont pas toujours à revendre. Solaal répond donc à un besoin fondamental puisqu’elle sert de passerelle entre le monde associative souvent constitué de bénévoles et le monde actif des agriculteurs. Solaal s’occupe de toute l’organisation des dons de A à Z. Afin de déclarer les dons, il existe une plateforme numérique qui permet de faciliter le processus. Cependant, comme l’a précisé Dorothée, le lien social est l’un des éléments fondamentaux. Organiser des dons, c’est aussi créer du lien social puisqu’une rencontre a lieu. L’association de notre entrepreneuse permet aussi l’organisation et le développement d’actions solidaires comme des glanages dans les champs.


Aujourd’hui, Solaal est présent dans sept régions de France. L’objectif à long terme est d’avoir un(e) représentant(e) agriculteur/agricultrice dans chaque région.




Dorothée Briaumont a eu la chance de toucher à de nombreux domaines mais c’est dans le secteur agricole qu’elle a réussi à s’épanouir. Elle se compare d’ailleurs à un jokari, cette raquette à laquelle est attachée une balle par une ficelle. Effectivement, même en ayant abordé de nombreux enjeux du développement durable, c’est dans ce secteur qu’elle se retrouve et dans lequel elle a eu envie de s’investir. D’après elle, c’est une affaire d’hommes et de femmes. Le monde agricole est un monde solidaire et c’est ce qui la rend aussi sensible à ce secteur. Les agriculteurs et agricultrices produisent pour nous nourrir et il n’y a rien de plus beau, nous confie-elle.


Les difficultés rencontrées lors de la création de Solaal


Comme dans tout projet entrepreneurial, le chemin est semé d’embuche. Avant de devenir des acteurs clés dans le secteur agricole et pour l’aide alimentaire, Dorothée Briaumont et toute son équipe ont dû convaincre les associations d’aides alimentaires que Solaal n’était pas un concurrent mais une aide pour les approvisionner en produits frais. Notre entrepreneuse nous a ensuite fait part d’une difficulté qu’elle a rencontrée à titre personnel en tant qu’entrepreneuse. Elle nous a confié que la patience n’était pas ce qui la définissait le mieux et pourtant dans un tel projet, il en faut beaucoup. Il faut savoir attendre et surtout savoir tenir. Le succès d’un projet n’est pas atteint du jour au lendemain. Pour arriver à ses fins, il faut de la détermination, du travail et de la patience. Il est également nécessaire de revoir les objectifs et de changer de stratégie s’il le faut.


« Les obstacles nous évitent de piétiner et nous permettent d’avancer »


Un dernier obstacle que l’on peut citer est le financement du projet. En effet, Solaal a été construit sur un modèle gratuit pour celui qui donne et gratuit pour celui qui reçoit. Il faut donc trouver les fonds nécessaires au développement de l’association. Même si le projet est durable et viable, il faut réussir à tenir financièrement dans le temps.


Solaal en quelques chiffres


Depuis la création de l’association, plus de 20 000 tonnes de produits ont été donnés ce qui équivaut à près de 40 millions de repas donnés. La crise sanitaire est d’ailleurs venue augmenter ces chiffres puisque Solaal a augmenté de 89% ses dons entre 2019 et 2020, soit environ 8 millions de repas distribués en une année. La première raison de cette forte augmentation est le fait que les agriculteurs ont vu des contrats annulés avec la fermeture des cantines par exemple. Deuxièmement, la précarité a explosé et les dons alimentaires sont devenus primordiaux pour de nombreux foyers. Dorothée nous explique son combat lors de la crise du Covid-19. Elle et son équipe étaient sur le second front de cette crise et grâce à un travail d’équipe, ils ont pu réaliser ce beau bilan.



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